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Rupt-sur-Moselle (Vosges)

13 km | 650m D+

1h20’07”

59ème sur 136 finishers

Avec Vincent, on a nos dossards, on est rhabillé pour l’hiver avec une belle paire de chaussettes reçue en dotation, on n’a pas oublié nos épingles, nos lampes frontales…..et on est largement dans les temps pour bien s’échauffer pour cette 3ème édition du Fluo Night Trail organisé par le CAHM. La nuit tombe, la météo est optimale. Tout est bien qui commence bien !!!

Crédits photo : Ludovic Laroche

On se retrouve sur la ligne de départ en laissant en première ligne les coureurs locaux qui vont faire des étincelles. Mais pour le moment, c’est un superbe feu d’artifice qui nous est offert, le présage d’une course explosive ! Mes sabots Altra Lone Peak ont pris la poudre d’escampette depuis quelques jours : fugueux ou égarés, c’est le mystère. A défaut, j’ai chaussé mes Torin. Une bombe, les meilleures chaussures de mon monde, celles qui m’assureront de fuser sur les 400 mètres finaux de bitume, mais un peu moins au cours des 13 kilomètres qui les  précèderont !

Top départ. 

En refaisant le match grâce aux reportages des photographes, je me rendrai compte que les copains avaient déjà creusé l’écart après l’équivalent d’un tour de stade, ce qui ôte beaucoup de crédibilité à la suite de ce récit…

Crédits photo : Thierry Sirveaux
Crédits photo : Thierry Sirveaux

C’est donc ce soir le bal des débutants !  Avec ma foulée économique, et sans accroche, je valse dans le décor dès la sortie de Rupt. Avec un début de crampes violentes qui m’éclairent intrinsèquement !

Le parcours est virevoltant, les jeux de lumière et de flammes amplifiant cela. Avec des bénévoles enjoués qui nous attendent aux tournants ! Une petite descente, un virage serré et les choses sérieuses commencent !

Depuis quelques minutes, je distingue une frontale clignotant de temps à autre au sein des faisceaux créés par les coureurs. J’imagine celle d’un de mes congénères jusqu’à ce que je comprenne avec effroi qu’il s’agit de la mienne ! C’est l’alerte que la batterie affaiblie va bientôt me lâcher. A peine 4km…

Quelle stratégie appliquer ? J’en élimine une, celle de prendre un des flambeaux qui signalisent la grimpette. La sentence serait irrévocable !

Alors plan B. Eteindre la frontale pour garder le reste de jus et rester dans un peloton : je me positionne en retrait pour ne pas faire subir aux autres concurrents mon rythme dégradé de par les efforts de concentration ; je me fais rapidement décrocher. Y’a toujours un « + » comme la polarité d’une pile, c’est la mise en application de la technique du maestro Philippe Propage : je vise où je suis sensé aller au lieu de regarder mes pieds ! Par Sainte Racine, évitez moi de trébucher !

Le sentier se veut de plus en plus technique aux pieds de la Croix de Parier, avec ses marches taillées dans la pierre. Bien moins régulières que celles des escaliers de Montmartre où je me suis explosé les cuissots y’a même pas 3 jours. Je me vois (langage imagé ^^) donc obligé de rallumer. Bref, je suis « con-parier » pour pas dire contrarié lorsque j’atteins ce spot remarquable. Je ne daigne même pas tourner la tête vers ce belvédère, lieu d’instants trailesques d’anthologie qui reviennent en tête à la vitesse de la lumière.

S’en suit un sublime single balcon, où l’éclairage s’impose pour ne pas finir au fond du ravin… Avec mon stroboscope de fortune, c’est comme si un électricien jouait à « jour / nuit » avec un interrupteur. Peut-être que le champion Loïc est finalement dans les parages et se tire la bourre devant avec son frangin ?! Petite descente, passage dans une alcôve lumineuse avec des bénévoles survoltés, on dirait presque une crèche. L’intensité est bonne, c’est dommage, je raccroche (ou rebranche) presque. Jusqu’au moment fatidique. Extinction des feux. Nuit noire au milieu de la forêt. Plus personne, devant, derrière… Le joker sera mon téléphone. Pas l’appel à un ami, mais le mode torche ! Lumineuse idée d’avoir glissé le smartphone dans ma ceinture Flipbelt au dernier moment… Enfin, c’est relatif : le smartphone pour voir les fléchettes réfléchissantes, c’est comme un briquet pour retrouver une épingle dans une botte de foin. Pouvoir limité et dangereux !

Crédits photo : Vrai Roses

J’avance néanmoins, et parviens sur le segment de faux-plat, celui tant espéré, celui qui permet de relancer la machine quand on est en forme ! Sauf que là, les boosters ont des faux contacts. Le chemin est détrempé, les Torin sont impuissantes, j’ai l’impression de faire du surplace. Après la valse d’introduction, voici le tango, et le cha cha cha. « Danse avec les stars », au sens littéral du terme, sous la voute céleste. Alors je marche. J’essaye de positiver au lieu de foncer aveuglément dans ce mur des lamentations.

Hourra, c’est un miracle. La pleine lune surgit au-dessus des arbres la forêt, face à moi. La lumière dégagée se reflète dans les multiples flaques d’eau constellant le sol. Je contemple alors la vue ouverte sur ma gauche. La mer de nuage cache le fond de vallée et souligne les vallons étoilés. Magique. Surréaliste. Improbable. Et pourtant réel. 

Plus puissant que toutes les frontales Noz de tout l’univers (private joke), que les éclairages de Ben et Paulo sur une nocturne de l’UTCB !

… Seul un gribouillage pourrait tenter de partager cette vision a posteriori.

De quoi redonner l’envie de rejoindre le grand sapin éclairé de toutes les couleurs. Celui majestueux, proclamant la fin des hostilités, le début de la redescente.

Une plongée directe dans les sentiers dessinés entre les sapins : je fonce en m’essayant de visualiser les fléchettes et points de marquage. Parfois juste au dernier moment. On re-rentre du coup très rapidement dans la brume. Pilotage automatique, je me pose tout de même 2 secondes pour photographier les arches de leds que j’avais tellement kiffées y’a 2 ans (mince, ca désactive du coup la torche^^). 

Je parviens à rattraper un coureur. Les exercices de pliométrie à l’entrainement sont fructueux. Merci Coach Lucas. Je bondis partout comme si j’avais aux pieds les éclairantes baskets dong de “Ma famille d’abord” (l’instant culturel) ! Le chemin est torrentiel, du moins au ressenti, ce qui est fidèle aux dires du serre-file rencontré avant le départ. Ne lâchons rien ! 

Rentrée dans la ville, accélération. Je rate presque le retour au gymnase, enfin çà c’est le manque de lucidité ! Les flashs des généreux photographes m’éblouissent.

Crédits photo : Vrai Roses

Je percute presque les enfants qui encouragent dans les derniers mètres et qui ne me voient pas arriver dans la pénombre comme un sanglier !
Une arrivée bien au chaud et directement tracée jusqu’au cœur du gymnase.

Crédits photo : Thierry Sirveaux

Stéphane m’accueille et me tend sympathiquement la torche, euh le micro pour parler des festivités du club à venir sur Remiremont (https://corrida-abbesses.com). 

J’ai le sourire un peu-beaucoup crispé, mais moins que les jambonneaux. En fait, au fond de moi, j’ai la banane : c’était trop bien, même si j’ai contre-performé dans ces Jeux Olympiques de l’outdoor ludique. Fabien dira que l’an prochain je pense à prendre un groupe électrogène. Chiche !

Je retrouve Boris, Vincent et Julien qui a connu aussi des déboires de frontale ! Avec à boire et à manger avec un gargantuesque ravito ! 

Et en prime, une soupe maison servie avec des sourires qui illuminent et caractérisent plus encore ce Fluo Night Trail !

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